De tout temps, Saint loup
sur Sémouse a été un centre d’industrie et
de commerce situé assez loin de gros
centres. Il était de par sa situation
géographique régionale et routière, le
rendez-vous des commerçants de céréales
(Voir les Halles) bétail, des marchands
d’étoffes, de cuir, de clouterie, de suif et
chandelles , etc. …
On y confectionnait déjà
il y a plusieurs siècles (1740) le droguet
que nos arrière grands-pères fabriquaient au
mortier à tisser et dont ils se vêtaient. De
1740 à 1786, les usines occupent de 170 à
300 ouvriers. On filait dans la région, le
chanvre qui alimentait en toile les besoins
de la population.
Les tanneries qui
dataient de 1500, étaient les plus vieilles
du département. Elles alimentaient le marché
de Besançon et fournissaient le cuir
nécessaire à la confection des chaussures de
Saint Loup, surtout chaussures de fatigue
qui étaient recherchées pour leur durée, ce
qui n’excluait pas la belle coupe, le fini
et la parfaite présentation. Il existe un
quartier qu’on appelle encore actuellement
"Les Tanneries".
Les clouteries y étaient
florissantes. Les ouvriers cloutiers à la
main y étaient nombreux et réputés. Le
voisinage des forges de Magnoncourt,
Aillevillers, la Chaudeau, alimentait en
matière première cette industrie de renom.
Le quartier situé au croisement de l’Avenue
de Bains et de la Viotte s’appelle encore
"La pointerie".
Les clouteries,
tanneries, fabriques de droguet et de toile
ont disparu du fait du développement du
machinisme. Vers 1860, assistant avec peine
à ces disparitions, François LEBRUN, arrière
grand’ père du Directeur actuel des Usines
Réunies , homme d’idées, d’initiative et de
décision, se mit en demeure de trouver
et d’installer dans la ville une nouvelle
industrie, celle de la chaise et du siège.
Il s’y donne tout entier, et au bout de
quelques années, cette industrie devint si
florissante qu’elle était la plus importante
de France. Puis, à la fabrication de la
chaise et du siège se greffa celle du
siège de style, et des salons Louis XIV,
Louis XV, Louis XVI …
Les récompenses obtenues
par les industriels de Saint Loup aux
expositions de 1889, 1900, situèrent
définitivement la fabrication de Saint Loup.
Quelques années plus tard (1891) les usines
de Saint Loup se mettaient à fabriquer du
meuble de style et devenaient en même temps,
maîtresses de cette fabrication. Les
meubles, comme les sièges de Saint Loup ont
une renommée mondiale. L’Amérique du Nord a
été pendant très longtemps un gros client.
Les passagers qui, à bord
des grands transatlantiques, font une
traversée, peuvent admirer la ligne, le
confort, le bon goût et le fini des sièges
et des meubles qui garnissent salles à
manger, fumoirs et salons de ces villes
flottantes.
C’est que Saint Loup sur
Sémouse (comme le disait une personne bien
placée pour apprécier la qualité des
ouvriers de Saint Loup est une vraie
pépinière d’artistes !) Sculpteurs,
mouluriers, menuisiers, ébénistes et même
machinistes et tourneurs sont nombreux en la
localité et en grande partie ouvriers
d’élite. Ils sont recherchés de partout, et
partout font prime et souche.
A cette industrie
principale s’ajoute, pour la gente féminine
l’industrie de la broderie, qui fait vivre
quantité de femmes de la ville et des
environs. Nombreux sont les petits
fabricants de brode ries qui occupent les
ouvrières soit à domicile, soit à l’atelier.
Dans la broderie d’ameublement, colifichets,
lingerie, tous et toutes travaillent avec
goût, cherchant dans des créations
journalières à satisfaire la clientèle
toujours avide de nouveauté et de finesse.
Dans un reportage d’un journal de Paris, son
auteur montrait quel était ce travail
délicat, fin, varié, et la vie de ces
créatrices de merveilles.