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Les trois châteaux

Beaucoup l’ignorent : trois châteaux ont été édifiés à Saint-Loup-sur-Semouse avant la Révolution.

Le "Vieux Château" médiéval a totalement disparu, mais il reste en mémoire grâce au lotissement qui porte son nom.

Plus curieusement, le château de la Maréchale de Lorge, garant de la réunion de la cité à la France en 1679, est tombé dans l’oubli pourtant il est au coeur de la cité et abrite la municipalité.

Enfin, le château de MAILLARD, "le château" des lupéens, est l’oeuvre d’un maître de forge au temps de Louis XVI Jean-Baptiste BOULY.

 

Le vieux château

Saint Loup sur Semouse : Le vieux château

Sur un talus dominant la rive droite de la Semouse, au dessus du vieux bourg et de l’église, les ruines du château des sires de Saint-Loup, avaient encore fière allure au milieu du XVIlIe siècle, si l’on en juge par leur peinture conservée dans une maison.

Une façade crénelée, garnie de deux tours rondes, à trois niveaux; sur la gauche de l’une s’adossait un corps de bâtiment de même hauteur, qui avait du être couvert d’un toit déjà disparu à l’époque. De hautes fenêtres ogivales éclairaient les tours; d’autres plus petites à meneaux, la façade. Devant ces ruines, une bâtisse aveugle, couverte d’une bonne toiture. Ce bâtiment, beaucoup s’en souviennent, il a longtemps témoigné du "vieux château "et il a disparu depuis une douzaine d’années lors de la création du lotissement. Par son allure générale, cet ensemble n’était pas véritablement un château fort, mais une belle demeure seigneuriale caractéristique du XIVe siècle: elle n’avait pas encore abandonné tout l’appareil militaire, mais affirmait surtout bien haut le rang social de la noblesse.

 

Le château de la Maréchale de LORGE

Sur la rive gauche de la Semouse est édifiée après la réunion de Saint-Loup à la France une demeure pour loger une compagnie de cavalerie, sous le commandement du marquis de Coublans, baron de Saint-Loup. Ce château tomba ensuite dans l’héritage du maréchal de LORGE, puis de sa fille, dernière baronne de Saint-Loup.

On rapporte une anecdote amusante sur l’efficacité de la compagnie de cavalerie qui y logeait lors de la guerre de succession d’Espagne (1702-1713). L’ennemi qui rôdait dans les environs (des hussards autrichiens) réussit de nuit à s’y introduire, et sans coup férir, ni éveiller personne, s’empare de tous les chevaux!!! Les Lupéens indignés par une si grande négligence des soldats français, obtinrent sur le champ leur départ et organisèrent leur propre défense. En 1744, le duc de RADAN, Maréchal de LORGE héritier de la Baronnie y installe la milice bourgeoise de la ville, forte de 300 hommes.

Ce château en fait, était plus destiné à la garde des lupéens, qu’à leur sauvegarde... Le plan du château est significatif: le bâtiment central construit à l’intérieur d’une cour close de 3 murs, présente trois tourelles carrées (dont deux subsistent) face à la Semouse, une à l’angle des deux murs, face au débouché du pont deux autres aux angles du bâtiment face à la rivière: le vieux bourg est sous surveillance !

 

Le château de Maillard

Saint Loup sur Semouse : Le château de Malliard

En 1755, Jean-Baptiste BOULY (1735-1799), Maître de Forge de la Baronnie, édifie un château, expression de la prospérité de sa famille et de son pouvoir économique, prémonitoire du pouvoir politique que la Révolution allait lui donner: François-Joseph BOULY, frère du constructeur, sera le premier maire élu de Saint-Loup le 2 Février 1790.

L'ensemble architectural du château est d’une grande sobriété, et joue sur la beauté des pierres à bossages aux angles, la saillie des deux ailes sur la façade ouest côté rue, et des 3 portes fenêtres et fenêtres centrales, côté parc.

A la fin du XIXe siècle fut ajouté le fronton triangulaire aux armes de la famille De Malliard et sa devise : " PELLENDO MALLEUS ARDET ", (en frappant le marteau s’échauffe), ainsi que les trophées de chasse en gypserie.

La décoration est raffinée. A l’extérieur, les rampes de l’escalier et les balustres des balcons en forme de pilastre en fonte, ont été coulées à la forge du BEUCHOT, propriété de la famille.

A l’intérieur, on ne peut que regretter la disparition à l’époque de l’aménagement du château en maison de retraite (1964), des moulages en forme de sculptures sur bois, "gypseries" encore appelées "stucs" qui décoraient les pièces, oeuvre d’artistes italiens, les frères MARCA, décorateurs de la nouvelle église de SAINT-LOUP.

Dix trophées noués de rubans ornaient le salon du Haut, dont celle de l’industrie du fer symbolisée par le coq ,le canard, le pigeon posés sur une plaque de fer non cisaillée, tandis que la masse à forger et les trois flèches complétaient les attributs de cette industrie régionale.

Les gypseries se retrouvaient dans le décor des chambres encadrant les trumeaux au dessus des cheminées ornées de peintures de paysages ou de portraits. La cage d’escalier était peinte de fresques: des gerbes d’oeillets et des roses nouées de rubans.

En 1920, Pierre de Maillard commanda aux Usines Réunies le décor sculpté en chêne de la grande cheminée du rez-de-chaussée et celui de la salle à manger, d’après un moulage provenant du château de Chantilly. Le sculpteur sur bois Xavier GURA y donna la mesure de son art.

Saint-Loup a une histoire. Elle se lit difficilement sur ses murs. Ses édiles ont souvent méprisé les pierres posées par les anciens. Que les élus municipaux, actuels et futurs, s’en souviennent dans l’aménagement de la cité!

 

M-L. PIERRE

St-Loup, le 14 /11/ 90

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