Dès les temps les plus
reculés, Saint Loup faisait partie de
l’ancienne Séquanie (province gauloise).
Mais il parait que, mécontents des ducs de
Bourgogne, ou par suite de quelques
alliances qui ne sont pas connues, les sires
de Faucogney, seigneurs de St Loup, avant le
milieu du X111° siècle, s’étaient
déclarés vassaux des comtes de BAR. On voit,
en effet, par un traité de gardienneté du 26
Juillet 1258, que le Comté de Bourgogne ne
portait sa souveraineté qu’au RUPT DE DRUGE
(aujourd’hui Ruisseau de Roge) qui est lieue
et demie outre Luxeuil et qui, prenant sa
source au territoire de Saint Bresson,
traverse celui de Fougerolles, passe à
Fontaine, se jette dans la Lanterne
au-dessous de Francalmont, laissant Saint
Loup sur sa rive droite. Il est vrai que la
terre de Saint Loup fut partagée entre
frères, que quelques unes de ses portions
furent données en mariage à des filles qui
les portèrent à des Maisons dont les
possessions étaient dans la Franche-Comté,
et que les branches cadettes faisaient
quelquefois hommage de leurs portions au
Comte de Bourgogne. Il est possible même que
la partie du bourg qui est à gauche de la
Sémouse, ait réellement été quelquefois de
ce Comté, tandis que la branche aînée
restait inviolablement attachée au duc de
BAR.
Quelles qu’aient été les
causes de ces changements de domination dans
le bourg de Saint Loup, il en résulte sur la
frontière des troubles dont les habitants
eurent à souffrir. En 1341 et 1342, ils
soutinrent contre le Duc de Bourgogne les
prétentions d’Isabelle de France, épouse en
secondes noces du sire de Faucogney, qui
n’était pas satisfaite de ce qui lui avait
été relâché.
Un siècle plus tard, de
nouvelles difficultés survinrent au sujet de
la terre de Saint Loup, entre le duc de
Bourgogne et celui de Lorraine. Une entrevue
de leurs plénipotentiaires eut lieu à
Jonvelle en 1440, et il fut convenu que deux
fois par an, on s’assemblerait
alternativement dans ce même lieu et à
Châtillon sur Saône, pour juger les
différends. Les commissaires furent chargés,
notamment, de régler les limites entre les
deux états. Par un des premiers actes de
cette commission, le château et la terre de
Saint Loup furent déclarés fief du Comté de
Bourgogne.
La décision n’ayant point
été observée par la ville ou le seigneur, le
Maréchal de Bourgogne se porta devant Saint
Loup avec des forces imposantes. Les
habitants résistèrent avec courage à la
première attaque, où Thiébaut de Neufchâtel
eut son cheval enferré d’une lance, et
courut lui-même "grand risque de la vie".
Pour en tirer vengeance, il feignit de
convertir le siège en blocus, couvrit la
plaine de ses coureurs, intercepta les
vivres et alla camper sur les hauteurs vers
Magnoncourt. Il laissa sortir librement les
habitants pour leurs affaires. Puis,
profitant de leur sécurité, il livra un
assaut furieux à la courtine dite des
"fossés" où il y eut beaucoup de tués. Il
porte dès lors ses vues sur le quartier de
la Vanne, et s’y précipite avec impétuosité,
suivi de sa troupe, à la faveur de la nuit.
Les retranchements furent emportés, les
souterrains (dont il reste encore des
vestiges) forcés, les rues, les places
publiques et les maisons remplies de sang et
de carnage.
Le Maréchal avait encore
à se rendre maître du Château. Pour
attaquer, il se plaça sur la hauteur dite
"le Chatelot". Il désespérait de l’emporter,
lorsqu’un incendie funeste se manifesta dans
le donjon, vers le sud est. Le Maréchal,
profitant du trouble inévitable, livra un
assaut au corps de la place, qui fut
envahie. Il fit passer au fil de l’épée tout
ce qu’il trouva en armes dans les cours et
sur les remparts. Le château fut incontinent
rasé.
Par lettres patentes du
14 Xbre 1445, René d’Anjou, Duc de Lorraine
et de Bar, autorise néanmoins le seigneur de
Saint Loup à rebâtir sous la mouvance du
Barrois, une forteresse entourée de fossés,
ponts, tours, bastilles et autres
fortifications. Mais l’histoire nous dit
qu’en 1475, l’armée bourguignonne de Charles
le Téméraire fit encore subir la loi du
vainqueur à cette partie de la frontière des
Vosges.
La vaste terre de Saint Loup
fut longtemps possédée par la branche
cadette de l’illustre maison de Faucogney
(de 1310 à l500) Par le mariage de Bonne de
Saint Loup avec Rodolphe d’ANGLURE, elle fut
transmise à cette famille lorraine, puis à
la maison de POICTIER, de laquelle elle
passa au Maréchal de LORGES, Gouverneur
Général de la Franche-Comté sous Louis XV.
En 1789, la seigneurie de Saint Loup
appartenait encore à la Duchesse de LORGES,
fille et héritière du Maréchal.